[Pour lire les spoilers, il suffit de surligner pour sélectionner la partie blanche.]
Déçu ! Voilà le premier mot qui me vient à l'esprit après avoir refermé ce livre. Déçu par l'histoire, mais aussi déçu par les recommandations sur la couverture. Pour choisir ce livre, j'ai été accroché par les avis de deux auteurs que j'apprécie. Stephen Baxter, dont j'ai aimé toutes les histoires, voit dans ce livre un croisement entre la série 24 Heures et Starship Troopers. Il rajoute même que si l'on a lu Reynolds, Hamilton et Banks, alors il faut lire ce livre. Ouah ! ça c'est de la référence, me suis-je dit. Enfin Neal Asher, dont j'ai bien aimé Voyageurs, continue dans la brosse à reluire : les personnages, l'action, un vaisseau IA rebelle et une technologie alien qui fait froid dans le dos. Il l'a lu d'une traite. Re-ouah ! Il faut que je lise ce livre au plus vite...Quelques jours plus tard, c'est la redescente ! Quel foutage de gueule !
D'abord l'histoire : un vaisseau pirate à la technologie étrange, le Noise Within, frappe en différents endroits de l'espace humain. Il enlève certains humains et demande des rançons. Jim Leyton, un spécialiste des opérations secrètes du gouvernement doit infiltrer le vaisseau. Et Philip Kaufman, fils du concepteur des moteurs Kaufman, et travaillant lui-même sur la première interface IA-humain pour piloter des vaisseaux, se retrouve impliqué dans l'histoire. Des assassins sont à ses trousses et la technologie du vaisseau ne lui est pas totalement étrangère.
Pour le reste de l'histoire, tout est cousu de fils blancs. Les ressorts dramatiques sont téléphonés. Vous ne serez jamais surpris par les évènements. Les décors...sont absents ! Pour de la SF, c'est plutôt dommage. Les descriptions sont très courtes et laissent beaucoup dans le flou. L'auteur se repose beaucoup sur les clichés. La scène de course poursuite entre véhicules automatisés est la même que celle de Minority Report. La planète des plaisirs ressemble à une favela sud-américaine, avec son lot de prostituées et de drogues faciles, le tout enrobé de noms hispanisants. On assiste à la plus pathétique des bagarres de bar telle qu'on en a déjà vu ou lu des centaines (le gros balaise prend un coup perdu et le fight commence, les meubles volent et les héros fuient avant l'arrivée de la milice !) La scène dans le bar virtuel est digne d'un jdr de cyberpunk, avec ses avatars ultra-référencés et ses transferts d'infos instantanés. Paradoxalement, la seule scène décrite avec un grand soin de détails se déroule dans une salle de gym/boxe old-school (crasse, sueur, murs miteux, ring fatigué au centre et instruments de gym classiques).
Enfin, [SPOILER : La scène du premier contact extraterrestre est bâclée : le narrateur raconte de manière très distante la rencontre, sa raison et ses conséquences. Un comble alors que c'est le seul élément narratif un peu surprenant.]
Bref, que du déjà-vu ! Pas un brin de "sense of wonder" dans ce récit de SF.
Quant aux personnages, ils ne sont pas en reste dans ce naufrage. Leur psychologie et leur évolution sont minces. Jim Leyton est un "Jack Bauer" du pauvre. Après une scène d'infiltration foirée, punchy et bien écrite, il met au point un stratagème ridicule pour s'introduire sur le vaisseau, digne des idées d'un groupe de joueurs de jdr. Le plan foireux ultime reposant sur un nombre incalculable d'inconnus mais qui réussit pourtant !
Et Philip Kaufman, le "tech mogul" de l'espace humain qui ne rêve que d'une chose : se plonger dans la "matrice"...qui gère l'entretien et la sécurité de son immeuble ! Et tout ça, avec la technologie du moment qui est la plus à la pointe. Cette scène est la copie-carbone d'une passe matricielle de William Gibson, avec ses représentations informatiques, ses attaques, ses défenses et ses traçages informatiques. On est en terrain connu. Ce même personnage à l'intellect très développé tombe dans un piège grossier.
[SPOILER : La plus belle des journalistes qui le pourchassent ne veut pas d'infos sur son boulot, mais plutôt sur sa vie et ses goûts. Elle lui plaît beaucoup et c'est de elle que viendra la tentative d'assassinat finale.]
Son aversion envers les "partiels" (des corps clonés avec la mémoire téléchargée d'un être mort ou vivant) est lourdement mise en avant : son père disparu est maintenant un "partiel"; il utilise un "partiel" pour le remplacer dans les tâches pénibles ; il ne se voit pas en "partiel" à sa mort ;
[SPOILER : et pourtant, oh surprise, c'est en "partiel" qu'il finira après son assassinat.]
Allez, une dernière grosse ficelle pour finir : Kaufman travaillait sur un vaisseau expérimental pour tenter la fusion IA-humain pour le pilotage, vaisseau qui a disparu au milieu des tests. Et bizarrement, la forme du Noise Within est très proche de ce vaisseau disparu sauf qu'il est bardé d'armes inconnues. Je vous laisse imaginer la suite.
Le seul élément surprenant et original est l'explication du titre.
[SPOILER : L'IA du vaisseau expérimental devenue barge, en s'enfuyant, est tombée sur une civilisation alien qui l'a soignée. Mais pour réussir à développer une intelligence "équilibrée", cette évolution ne peut se faire isolément, dans le silence. Il faut un "bruit de fond" auquel se comparer. D'où les enlèvements d'humains pour les mettre à son bord et obtenir ce bruit de fond avec la vie des humains enrôlés.]
Je ne sais pas si cela relève d'une thèse scientifique existante ou d'une création de fiction, mais le principe en est séduisant.
Le styles est très plat, et donne l'impression de regarder un mauvais téléfilm : décors, personnages et intrigues sont mous, sans réelle saveur.
Je vous aurais prévenu !
Inspiration JDR :
Les "partiels" et la question de leur place dans la société est exploitable dans Eclipse Phase avec les "forks" et "pods" de cet univers.
Le bar virtuel et la passe dans le construct de l'immeuble sont des scènes directement transposables dans Shadowrun ou Cyberpunk.
Quant au reste du décor, sensé être spatial, il est difficilement réutilisable, tellement il est basique et presque trop "terrestre".
Ma note : 1/5.
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