L'univers :
Une série de catastrophes écologiques a culminé avec la Renverse et partagé la population humaine en 2 groupes. D'un côté, les Extros sont les descendants des scientifiques qui ont quitté notre bonne vieille boule de boue pour s'installer dans le système jovien et saturnien. Leur philosophie est totalement tournée vers l'adaptation du corps et du mode de vie à l'environnement. La Terre est perdue, alors l'avenir se trouve dans les étoiles et les manipulations posthumaines. Ce clade comprend différents groupes, ayant colonisé différents habitats (planètes, lunes et stations orbitales), avec différentes adaptations. Leurs membres éminents sont les sorcières génétiques, manipulant les génomes pour se conformer aux sites de colonisation et optimiser les possibilités.
D'un autre côté, les humains restés sur Terre sont organisés autour de trois grandes entités : le Grand-Brésil, la Communauté du Pacifique et l'Union Européenne. Les deux premières se livrent une guerre froide depuis la Renverse. Mais toutes sont tournées vers la préservation de la Terre et surtout sa régénération. A tel point que cette doctrine de préservation tourne à l'obsession pour devenir une véritable religion d'état. Des grandes familles se partagent le pouvoir et leurs "Saints Verts" agissent comme des gourous pour gérer la Réhabilitation & Reconstruction.
L'histoire :
Macy Minnot est une ingénieure écologue spécialisée dans la revitalisation d'écosystèmes détruits ou la création de nouveaux écosystèmes. Envoyée sur Callisto pour créer un biome dans un habitat sous bulle, elle sera embarquée dans de nombreuses intrigues qui marqueront le déclenchement de cette guerre tranquille, le passage d'une guerre froide latente à une guerre asymétrique, en passant par des affrontements de basse intensité. Elle croisera le chemin de deux sorcières génétiques, Sri Hong-Owen pour le Grand-Brésil et Averne pour les Extros, au sommet de leur art et s'affrontant pour la suprématie de la discipline.
Mon avis :
L'auteur mêle habilement la peinture d'un univers au bord de la guerre ouverte et la présentation de personnages riches et profonds. Le style est très agréable. L'écriture est aussi réussie dans les scènes d'action que dans les affrontements secrets, à coup de complots, campagnes de dénigrement et guerre mémétique. On suit avec intérêt l'évolution des différents personnages. En plus des héroïnes, on trouve un pilote de chasse, Cash Baker, au caractère un peu monolithique, et Dave n°8, un clone de combat, dont le cheminement mental est plus intéressant (passant du statut d'une arme génétiquement créée que le gouvernement pointe selon son désir jusqu'à son émancipation complète).
On trouve un brin de hard science, avec les descriptions des micro-organismes et leurs interactions pour créer les écosystèmes, quelques touches de biochimie moléculaire, et un peu d'ingénierie spatiale avec les différents habitats décrits.
Du space op' se trouve dans les paysages extros et les affrontements spatiaux.
Et enfin, quelques nanopoussières de transhumanisme, avec les manipulations posthumaines et les clones génétiquement améliorés.
Inspiration JDR :
3 jeux profiteront de cette lecture : Eclipse Phase (EP), Cyberpunk v3.0 (CP3) et Jovian Chronicles (JC).
D'abord, la trame globale de l'histoire pourrait être adaptée telle quelle à JC, avec un affrontement entre CEGA et le Confédération Jovienne.
Pour CP3, les Saints Verts feraient d'excellent gourous en chef pour les altercultures du Reef et/ou du Riptide. Les loups de surveillance donnent un exemple de bioforms protecteurs du Riptide.
Le système économique des kudos est proche de la réputation d'EP pour la nouvelle économie. Toujours pour EP, les Volistes offrent une vision de manipulations somatiques originales. Les unités de R&R (Réhabilitation & Reconstruction) décrivent un système idéal pour le mouvement de Récupération de la Terre (Reclaimers). Les Saints Verts feraient d'excellents PNJ pour ce même mouvement destiné au retour sur Terre. Enfin, en voyant agir les sorcières génétiques, on peut se faire une meilleure idée du travail des genehackers. Un exemple très détaillé de biohack se trouve page 318 quand une sorcière génétique biopirate un loup de surveillance grâce à un indole transgénique.
Ma note : 4/5.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire