« Whaou ! » fut ma première réaction à la
lecture de la flopée de prix qu’avait remportée ce livre ; et « Bof… » fut celle que j’eus quand je refermai l’ouvrage fini. Comme
je ne vais pas vous laisser sur cette intro lapidaire, je vais entrer dans le
détail pour décrire ma déception, et ce, un tiers à la fois.
D’abord, je dois avouer que j’ai failli abandonner la lecture
au premier tiers. On nous y présente les personnages principaux : un cadre
corpo d’une multinationale d’agroalimentaire à la recherche d’un labo génétique
d’où est sortie une nouvelle espèce de légume ; une androïde de plaisir
qui s’interroge sur sa condition ; un réfugié climatique chinois, ex-boss
criminel ; et un héros de la résistance locale entré au service du pouvoir
et en proie à des questionnements éthiques. Tous ces personnages évoluent dans
un décor original : une Bangkok en quarantaine auto-imposée pour éviter
les attaques de virus et mutations alimentaires, et cachée derrière une énorme
digue pour lutter contre la montée des eaux. De plus, pour ne pas dépendre des
pays et compagnies caloriques, les Thaïs ont investi dans une forme d’énergie
« à ressort » (le fameux suffixe –AR que l’on retrouve partout dans
l’histoire et qui n’est expliqué que tardivement). En clair, les ordis sont à
pédales, les centrales énergétiques utilisent d’énormes ressorts qu’ils
remontent grâce à des pachydermes génétiquement modifiés : en tournant,
ils compriment les ressorts qui emmagasinent l’énergie et la restitueront
ensuite en se détendant. C’est très exotique, mais c’est très (trop) long
aussi. L’auteur tire excessivement à la ligne pour peindre son décor, et cette
première partie m’est tombée des mains. Après une enième description de légumes
originaux et de marchés alimentaires, je n’avais qu’une idée en tête :
renommer ce livre en « La Fille aux Tomates » !
Poussé par l’envie de connaître le fin mot de l’histoire, je
poursuivis donc ma lecture au deuxième tiers. Les enjeux commencèrent à être
plus clairs, et les différents fils narratifs s’emmêlèrent petit à petit. Donc,
mon intérêt remonta. Mais il restait encore le problème de la retape
littéraire : après avoir largement tiré à la ligne, l’auteur tente
l’accroche sexuelle avec des scènes limite porno et sado-maso pour narrer les
(més)aventures de l’androïde du titre. Okay, c’est un modèle destiné à
l’exploitation sexuelle mais une bonne scène puis quelques suggestions auraient
été suffisantes pour nous faire comprendre la chose. Là aussi l’auteur en
rajoute une couche, au point que j’ai été mal à l’aise à la lecture de certains
passages. Bref, en finissant cette deuxième partie, j’avais envie d’appeler mon
pote allemand pour lui dire : « La Fille, Otto, mate ! »
(je reconnais que celle-ci est capillo-tractée).
Arrivé là, je ne pouvais qu’aller jusqu’au bout. 200 pages
plus tard, trois rebondissements (dont deux téléphonés) et un dénouement
intéressant ont presque sauvé du naufrage cette lecture.
Inspiration jdr :
Le décor de cette Bangkok à la fois paranoïaque et
traditionnelle est exploitable dans tous jdr cyberpunk ou transhumain
(Transhuman Space, Eclipse Phase, Nova Praxis, Cyberpunk 3.0 ou Interface Zero)
au prix de quelques adaptations ludiques.
L’histoire ne demanderait pas de gros ajustements à un
meneur de jeu un peu motivé.
Si je ne devais piocher que quelques éléments exploitables
facilement, je choisirais les cheschires ou chats de l’enfer (un exemple d’animal
génétiquement modifié qui a échappé au contrôle de ses créateurs pour conquérir
sa propre niche écologique – c’est plus facile quand on est doté de
quasi-pouvoirs psis) ; et la deuxième idée facilement exploitable serait
toute la technologie –AR (à ressort) qui donne un cachet décalé à toute la
technologie.
Ma note : 2/5.
1 commentaire:
Bonjour,
Des chats psy !? Il me semble que M. K. Dick en a imaginé dans une de ces nombreuses nouvelles... ? De mémoire.
Le Poulpe
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